Critiques

Une sonorité d’un raffinement saisissant

Article de Johannes Bieler paru dans le Bonner Rundschau, le 6 mars 2012 Traduction : Michèle Laliberté

Le guitariste classique Thierry Bégin-Lamontagne aux Concerts des maîtres du Kunstmuseum

Bonn (Allemagne). Le guitariste canadien Thierry Bégin-Lamontagne fait bien sa marque, et cela hors des sentiers battus. Né au sein d’une famille de musiciens, il a très tôt appris à jouer de plusieurs instruments, le violon étant le dernier en liste. C’est à douze ans qu’il a choisi la guitare classique comme instrument principal. Cependant, c’est bien avant cet âge qu’il semble avoir réussi à intérioriser les caractéristiques d’une bonne interprétation, qu’il a ensuite adaptées à la guitare en créant une sonorité raffinée, une exécution contrastée, ainsi que des lignes mélodiques franches et expressives.

C’est avec toutes ces qualités et une exécution des plus musicales que le sympathique Canadien à l’air presque insouciant a enthousiasmé l’auditoire au 113e Concert des maîtres de guitare classique du Kunstmuseum.

Œuvres baroques et classiques espagnoles

Son programme était composé d’oeuvres baroques et classiques espagnoles, ainsi que de pièces italiennes. Ses magnifiques interprétations de la « Sevilla » et de la « Mallorca » de Albéniz, de la « Tres Piezas » de Rodrigo ainsi que du « Collectici intim » de Vincente Asencio, étaient très complexes, émouvantes et colorées. En fait, elles auraient suffi à elles seules à nous convaincre de la compétence du jeune guitariste. Mais le talent artistique de Thierry Bégin-Lamontagne s’est à nouveau manifesté lorsqu’il interpréta trois autres pièces tirées de la « Chaconne » de Bach, oeuvre écrite par le maître du Baroque à la mort de sa femme. Cette oeuvre s’est métamorphosée en une profonde élégie émotionnelle sous ses doigts du guitariste au naturel déconcertant.

Les mélomanes ont eu l’impression de franchir lentement et graduellement tous les stades du deuil, avant d’être à nouveau impressionnés par le « Rossiniana n°3 » de Giuliani. Les opéras de Rossini, revus par la virtuosité et la technique de Giuliani, sont constitués d’ouvertures, de marches ainsi que d’arias composés pour un orchestre de six instruments à cordes. C’est cette oeuvre qu’a brillamment mise en scène le jeune Canadien dont le style déconcertant et l’interprétation « authentique » ont empreints de bravoure, de vivacité et d’audace. Les variations sur le « Carnaval de Venise » de Paganini ont atteint le même niveau : un joyau que Thierry Bégin-Lamontagne a interprété de façon rasante et pleine d’humour, devant un public littéralement ravi.

À venir.